L’AMI IMAGINAIRE
Le jour de la naissance d’Anna fut une nuit.
Une nuit où le ciel étoilé venait se refléter sur la neige qui était tombée ce jour là, sans cesser jusqu’à ce que les premières douleurs de l’enfantement se fassent ressentir.
La future mère avait eu le temps de demander à la bonne de courir chercher la sage femme avant d’aller s’allonger près de la cheminée sur un tapis aux motifs persans, attendant tranquillement que son mari rentre de sa journée de travail.
Elle avait tourné son visage vers les flammes, souriant à la vie, heureuse de savoir qu’elle allait bientôt découvrir le visage de l’enfant qui habitait son corps depuis 9 mois.
Son mari rentra en même temps que la sage femme et la bonne et l’agitation succéda à cette parenthèse de pure douceur. Il fallut faire chauffer l’eau, apporter les linges propres, pousser, crier, désespérer, supplier, pousser encore… Et enfin, l’enfant sortit du ventre de sa mère. C’était une magnifique petite fille. Ses parents la regardaient puis se regardaient, se demandant, étourdis, par quel miracle, ce petit être venait d’apparaître dans leur vie.
Et la petite fille les regardait de même. La lumière l’avait éblouie et elle ne savait pas trop comment elle était arrivée là. Elle sentait bien que les grandes choses au-dessus d’elle l’aimaient mais elle se demandait s’ils ne voulaient pas plutôt la manger… Elle voyait le bonheur dans les visages ruisselant de larmes de ses parents mais tout ça lui faisait quand même un peu peur.
C’est alors qu’apparut à côté d’elle un autre petit bébé, un petit garçon.
Elle vit dans ses yeux qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Ils se prirent la main.
Et c’est ainsi qu’Anna rencontra son ami imaginaire.

À SUIVRE…

LE CHÂTEAU QUI CHUCHOTAIT
Il était une fois, il n’y a pas si longtemps que cela, un petit garçon qui vivait dans un château immense.
Ses parents étaient morts peu après sa naissance et il n’avait pas de souvenir d’eux. Il vivait là, avec pour seule présence humaine celle des domestiques qui le nourrissaient, le lavaient et entretenaient le château.
Mais les domestiques ne lui parlaient pas et lui-même restait silencieux.
Le soir, il lui arrivait d’entendre chuchoter mais il avait beau tendre l’oreille, jamais il ne parvenait à comprendre ce qu’il se disait.
Le château était rempli de dizaines de pièces, pourtant le petit garçon restait enfermé dans sa chambre toute la journée à regarder par la fenêtre.
Il n’en sortait que pour aller à la cuisine et à la salle de bain.

Un jour qu’il avait le regard perdu vers le dehors, il vit un lapin roux passer.
Le lapin bondissait et s’amusait à courir. Quand il commença à s’éloigner, le garçon se précipita dehors et commença à le suivre. Tout comme lui, il pénétra dans la grande forêt, se faufila sous un buisson, sauta par dessus un tronc d’arbre, contourna de grands sapins, bondit par-dessus des fougères…
A la fin de la journée, il était couvert de terre et de griffures mais il ne s’était jamais senti aussi heureux. Il s’était enfoncé loin dans la forêt mais ne se sentait pas perdu. Il ne s’étonna pas de trouver une cabane éclairée au cœur d’une clairière. Quand il pénétra dans la maison en bois, il crut tout d’abord qu’elle était abandonnée mais très vite, de petits robots haut comme lui vinrent l’accueillir. Ces robots étaient de bric et de broc mais avaient tout de même une tête, des bras et des jambes. Ils s’exprimaient aussi bien que vous et moi, même si leur voix était un peu mécanique. Tout de suite notre petit garçon se sentit à l’aise et il s’installa naturellement dans la cabane pour y vivre avec eux.
Les années passèrent. Le petit garçon devint un jeune homme.
Avec les robots, il découvrit ce qu’est d’avoir de véritables amis.
La journée, ils partageaient les tâches du quotidien et le soir, ils bavardaient.

Une nuit, le jeune homme fut réveillé par des chuchotements.

À SUIVRE…